Observateur intérieur et Ennéagramme

Lorsque le concept de l’observateur intérieur a été abordé, il m’a semblé en premier qu’on faisait référence à notre conscience. Mais il est vrai que dans le feu de l’action notre attention est plutôt concentrée sur ce qu’on doit faire, sur l’obsession du moment, sur l’intérêt intense que l’on porte à la situation présente et, selon notre profil, notre sous-type, notre pathologie, on évacue à cette instant tout regard extérieur qui nous permettrait de prendre du recul et analyser «à froid» ce qui est entrain de se passer.

Cet observateur intérieur peut être avantageusement affiner en utilisant un enseignement de Saint-Ignace sur le discernement spirituel. Il explique que tout discernement repose sur ce que disent nos sens. L’éducation des enfants à écouter ses sens et à les utiliser en les mettant au service des deux facultés supérieures de l’homme (la volonté dans la recherche du bien et l’intelligence dans la recherche du vrai) va leur permettre de développer leurs sens spirituels : voir, entendre, sentir, goûter, toucher ce qui se passe en eux et dans leur vie intérieure.

Pascal Ide dans « Mieux se connaitre pour mieux s’aimer – Ed. Fayard » explique comment nos 5 sens sont au service de ces deux facultés supérieures :
– La vue dispose l’intelligence à la synthèse.
– La vision éduque la volonté au sens de la finalité, des projets.
– L’écoute inscrit l’intelligence dans la patience du temps et éduque à la docilité.
– L’écoute dispose à l’accueil de l’autre avec douceur.
– Le toucher donne la certitude : lorsque Marie-Madeleine doute de sa vision, elle veut toucher Jésus.
– Le toucher apprend l’adaptation à autrui et à être toucher par lui.
– L’odorat enseigne à l’intelligence, la finesse et le discernement.
– L’odorat prépare à percevoir les affinités, les ressemblances.
– Le goût dispose à la saveur de la vérité et donc à la sagesse. Il ouvre à la joie de la vérité qui comble l’intelligence.
– Le goût enseigne à jouir de la finalité obtenue et apprend à se donner le droit d’être heureux.

Pour moi, l’observateur intérieur est bien cette capacité, au service de la volonté et l’intelligence, que l’homme possède pour voir, sentir, toucher, entendre, goûter ce qui est entrain de se passer. C’est pourquoi il nous aide à percevoir ce qui se passe au niveau de nos trois centres (mental, cœur, corps) détaillés par l’ennéagramme. Il va permettre ensuite à notre conscience de poser des choix éclairés, dépassionnés. Mais il me semble aussi important d’aider les enfants à mettre en place celui-ci.

Une des questions favorites que je pose souvent aux élèves qui ont fait une bêtise est de leur demander ce qui est entrain de se passer en eux, de ce qu’ils sont entrain de ressentir : j’ai un abonnement chez kleenex depuis bien longtemps !

Que l’on soit croyant ou non, il me semble que l’observateur intérieur est le moyen extraordinaire qui nous a été donné pour découvrir qui nous sommes vraiment. Et lorsque ce moyen est au service de la belle personne que je suis, je peux découvrir alors que je suis aimé pour ce que je suis et que je suis capable de beaucoup de choses sans m’arrêter à l’apparence.